Amalia Franco - Coro / Chœur

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mai 2024 > juillet 2024
danse, théâtre de marionnettes

par et avec Amalia Franco
avec la collaboration de Gianluca Vigone
marionnettes Amalia Franco
éléments scéniques Gianluca Vigone

J'interroge la matière et la forme. Une première question qui guide la recherche est :
‘Quel genre de matière nous rapproche de la non-existence ?’
Coro ne se développe pas selon une ligne narrative, mais procède par émergences. Dans cette phase initiale, il prend la forme d'une constellation indisciplinée, dans laquelle matérialité et idéalité, identité et différence ne se font pas face comme des paires d'opposés mais comme des continuums spatiaux qui accueillent la simultanéité dans une articulation pas dialectique.
Les inspirations qui me guident puisent dans les icônes orthodoxes et l'iconostase comme lieu matériel, croûte empirique qui indique la frontière de l'invisible, en permettant de voir derrière un mur autrement aveugle, d’une part ; d'autre part, ils regardent le Théâtre des marionnettes siciliennes (Opera dei pupi), avec la prolifération des voix, l’oeuvre de la multitude, le choeur incarné par le marionnettiste (puparo), et la vitalité de l'art populaire.

Partant de la mise entre parenthèses du sujet, rappelé tant dans l’Opera dei pupi que dans les icônes, Coro laisse place à l'émergence d'entités tierces, les « objets sublimes », qui se présentent comme des choses du monde, pas abstrait du toit, mais là pour exhiber leur propre immatérialité. Je recherche l'espace sentimental propre aux objets, celui obscène qui s'ouvre au voisinage de la non-existence, du néant. Plus proche de rien est l’objet sublime, les objets-non-objets. Les objets de Coro, entendus comme objets physiques, objets sentimentaux et objets-pensée :
le cube, les marionnettes / pupi, les icônes, les chiens, la lumière, la danseuse, le son, l'espace, le cheval.

 

La recherche se développe autour des possibilités du corps à sortir de sa propre peau, à apparaître et à disparaître, à être habité comme exproprié, en mêlant danse et marionnettes. La contamination entre corps animé et corps inanimé, corps dansé et corps de marionnette, me permet d'explorer un territoire frontalière dans lequel admettre sa propre fragmentation et répéter continuellement l'expérience de la manque, de la perte, de la dépendance, de notre incomplétude, de notre être non fini, c'est-à-dire infini. La figure pratique le corps comme surface d'écriture et la danse comme lieu de transformation et de transition, en redonnant au corps, dans un mouvement paradoxal, sa propre indétermination et sa polysémie. La figure n'est pas une analogie de l'humain, mais un corps sans organes, mort avant même de mourir, c'est une figure multipliée, une zone d'indicible, où l'humain et l'inanimé se multiplient l'un dans l'autre.

La pratique artistique est une pratique de disparition qui s'exerce en fonction de l'oeuvre. Je pratique le travail en procédant par expédients, juxtapositions, accumulations, sécrétions... selon les cas, en évitant la formalisation de toute méthode ou chemin vers une réponse qui ramènerait à l'artiste ; une sorte de mise à disposition de l'oeuvre, qui ignore ce que je sais déjà et ce que je ne sais pas.
La disparition est comprise comme un mouvement en surface. C'est en surface que le sujet disparaît et que surgissent les événements incorporels, les choses, le sur-êtres, les non-existences, les affections. Un renversement est à l’oeuvre… – le plus profond est l’immédiat –

Amalia Franco est née à Taranto dans les Pouilles en 1985. Elle vit entre Taranto et Torino en tant qu'artiste indépendante et travaille sur la contamination entre la danse et la marionnette. Elle est danseuse, autrice, créatrice de marionnettes, de masques et autres figures.

coproduction Lavorare Stanca

En résidence du 13 au 26 mai 2024 et du 1er au 14 juillet 24.

Ouverture publique le ve 12 juillet 2024 à 20h. Réservation indispensable.